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28/12/2009

CORONER: INTERVIEW 1992. HARD ROCK MAGAZINE.


A L'OCCASION DE LEUR TOURNÉE EUROPÉENNE QUI PASSERA PROCHAINEMENT PAR LA FRANCE, LES HELVETES DE CORONER FONT LE POINT SUR LEUR CARRIÈRE - EN PROGRESSION - ET LEUR ÉVOLUTION MUSICALE POUR HARDROCK MAGAZINE. SÛR, LES MAÎTRES DU TECHNO-THRASH N'ONT PAS FINI DE NOUS ÉTONNER ET DE NOUS SÉDUIRE...

S'il semble avoir moins déchaîné d'enthousiasme en France que son prédécesseur direct "No More Color", "Mental Vortex", le quatrième album studio des Suisses de Coroner n'en a pas moins relancé la carrière du techno-trio en Allemagne et en Hollande notamment. L'explication paraît limpide, les Helvètes ont su convaincre un nouveau public en tournant en octobre en Europe du Nord, partageant l'affiche avec les très controversés Mekong Delta. Leur passage en France initialement prévu pour novembre 1991 fut, hélas pour tout le monde, remis en question par une offre alléchante de tournée américaine émanant des new-yorkais de Nuclear Assault. Après un séjour des plus hasardeux sur le territoire des States et juste avant que Coroner ne vienne enfin rendre justice à ses supporters français (A partir du 25 février avec No Return), Hard-RockMagazine s'est infiltré dans la maison de campagne du batteur Marquis Marky pour stimuler le tempérament d'un groupe qu'on pouvait croire en perte de vitesse. On est vraiment loin du compte car malgré de sévères accrocs avec leur maison de disques Noise Records, "Mental Vortex" s'avère la plus belle réussite commerciale de Coroner à ce jour...

 
 

TOURNÉE US MOUVEMENTIE...


Hard-Rock Magazine: Que s'est-iI donc passé en première partie de Nuclear Assault aux Etats-Unis?

Marquis Marky: Au départ, c'était vraiment une excellente opportunité mais alors que les dix premières dates se sont bien déroulées, Nuclear Assault a dû laisser tomber car son label l'a complètement abandonné sur le plan financier. C'était un peu dur pour nous de rentrer alors on a tenté d'honorer seuls quelques dates sur la Côte Ouest, à Phoenix et en Floride notamment, avec tous les risques que ça pouvait comporter. On a choisi des premières parties au coup par coup, en invitant les groupes que nous avions pu rencontrer en Floride lors de nos enregistrements au Morrisound, Atheist par exemple...

Vous avez réussi à vous en tirer de cette façon?

Pas vraiment, on a connu d'autres galères plus ou moins liées à ce changement de programme. A Orlando, on devait jouer avec... Euh, tu sais, ce groupe satanique qui se marque des croix au fer rouge... Deicide. La veille, un type nommé JJ Allen s'était produit dans le club en question et la police est venue l'arrêter, en interdisant d'y organiser des concerts. C'est un type complètement cinglé, qui jette de la vraie merde sur le public, qui casse les paires de Iunettes des spectateurs du premier rang et qui généralement finit tous ses concerts en prison. Il prétend être le dernier punk encore en activité. Je veux bien le croire!


NOUVEAU CHAMP D'ACTION


Après Watchtower en 1990, vous avez partagé l'affiche avec Mekong Delta. Coroner se sent-il toujours aussi proche de cette vague techno-thrash?

Difficile à dire, les étiquettes sont par nature réductrices. Sur le dernier album, "Mental Vortex", Il parait clair qu'on a cherché à s'éloigner de l'aspect volontairement sophistiqué qui nous caractérisait jusque-là. Je crois qu'on ne peut pas faire toujours la même chose sans s'user ou perdre de la motivation. Notre musique renferme toujours autant d'idées que par le passé mais nous les exploitons d'une manière plus franche, plus directe. En développant cette recherche de la nuance mélodique et des détails à tous prix, tout ce rôle proprement esthétique du thrash, on avait sans doute perdu le sens instinctif du rock. Il nous arrivait d'être mal à l'aise en situation live, tout simplement parce que notre répertoire nous empêchait de faire preuve de spontanéité.



Comment cela s'est-il traduit au niveau de votre public?

Ce qui est clair, c'est que Coroner a pu étendre son champ d'action. Certains fans de heavy-metal ou de thrash plus classique ont enfin pu s'intéresser à nous parce que notre style devenait plus accessible. Heureusement, la fraction la plus fidèle de notre public n'a pas considéré ce changement de cap comme une trahison ou quoi que ce soit. Je crois que c'est un peu le privilège de l'expérience, après avoir fait ses preuves sur plusieurs disques successifs, un groupe a la possibilité de se remettre en question tout en préservant la confiance de ceux qui l'ont suivi jusque-là, voir Metallica. Cette tournée avec Mekong Delta fut réellement riche d'enseignements à notre niveau. La moitié du public était composée des fans de metal traditionnel tandis que l'autre regroupait des musiciens, des curieux ou des gens qui n'avaient au départ absolument rien à voir avec ce type de musique

Justement, vos démêlés avec Noise ne proviennent-ils pas de son incapacité à sortir Coroner du créneau trop restrictif, du heavy-metal?

Exactement. Après quatre albums, nous étions en droit de demander des comptes à notre label. Mis à part les problèmes d'argent qui peuvent exister, on a attaqué Noise sur un problème purement artistique. On a trop tendance, dans les maisons de disques, à considérer un disque comme une boite de savon qu'il suffit de livrer à une chaîne de supermarchés. C'est quelque chose que nous sommes obligés d'accepter à partir du moment où l'on rentre dans le jeu de la production, mais la question est de savoir si le parfum très spécial du savon n'a pas des attraits spécifiques susceptibles d'attirer un autre type de clientèle que les acheteurs traditionnels. Notre musique n'a pas été convenablement exploitée, ils sont habitués à ne travailler que des disques purement heavy-metal comme Running Wild et Kreator et, de ce fait, ont totalement négligé les amateurs de musique industrielle ou, plus simplement, ceux qui apprécient les albums instrumentaux. Je crois sincèrement qu'on avait quelque chose à tenter de ce côté-là.


CORONER ET LES BEATLES


Après avoir fait parler de vous en reprenant « Purple Haze» de Hendrix, vous sortez une vidéo de « I Want You» des Beatles. Vous ne craignez pas d'être devenu un groupe de reprises?

C'est un cas de figure assez bizarre, surtout pour un groupe comme Coroner qui joue un style de musique très personnel. J'étais le seul à ne pas vouloir que cette reprise fasse l'objet de la vidéo que nous devions sortir, j'aurais préféré un vrai titre de Coroner qui puisse montrer qui nous sommes et ce que nous jouons. Mais, c'est le bon côté du trio, la décision est toujours parfaitement démocratique, deux voix contre une, il n'y a jamais ballottage. Après tout, c'est par plaisir que nous avions choisi de reprendre "I Want You" sur l'album. Et certains de nos fans nous ont déclaré avoir acheté l'original après avoir découvert notre reprise. Ça prouve que notre démarche ne fut pas vaine.

Lorsque, entre deux tournées, tu disposes de deux mois comme maintenant, comment occupes-tu ton emploi du temps?

Généralement, on ne se voit pas beaucoup avec Tommy et Ron. Chacun préfère se reposer dans son coin. Pour ma part, je lis beaucoup et je prends quelques notes pour les futurs textes du groupe. J'écoute pas mal de trucs traditionnels, les groupes de la fin des sixties du genre Doors ou Hendrix et voilà. On ne fait pas de trucs exceptionnels, tout est placé sous le signe de la détente et de la relaxation. Ce que j'apprécie le plus en ce moment, ce sont les groupes de Seattle comme Mudhoney, Pearl Jam ou Soundgarden. Et même si Nirvana est trés à la mode aujourd'hui, je persiste à leur trouver un côté absolument génial, authentique et underground. J'aimerais sincèrement qu'on puisse partager l'affiche avec un de ces groupes un jour. Quant à Nirvana, ils sont déjà devenus trop gros pour nous...